La chanson que le film en noir et blanc illustrait s’appelait « Oraşul Umbre » (« La Ville Ombres »). Il était évident dès la première écoute qu’elle allait devenir notre chanson. On en aimait le rythme en pas-de-chat, les petites dissonances électroniques et orageuses, les pizzicati désuets et graciles, la manière dont le roumain, langue peu familière, sonnait dans cette voix-là, et égrenait ces histoires de villes rouges comme la cendre des histoires achevées, et rouges comme les bourgeons de celles, à venir. Et tant pis si le clip abusait par moment des ralentis, des poses effarouchées ou des regards mystérieux.
Je vais pas te mentir, c’était super mais je suis content de rentrer. On en a vu des jolies choses. Redécouvert le goût des tomates, réappris l’odeur de la Biafine, retrouvé la démarche incertaine sur le sable trop chaud. On a ri, bu trop de rosé, pris 3 kilos, on s’est brûlé l’œsophage au cinsault et juré que plus jamais ça. J’ai même lu un livre. C’était super mais j’avais envie que la vie recommence. Tu sais bien que je ne sais pas dormir. Il y a quelques chose l’été dans cette façon de sacraliser le repos qui au bout d’un temps me renvoie invariablement à une image de la mort. J’aime l’activité, j’aime avoir trop de choses à faire et pas assez de temps. Et si je n’aime pas le froid, je suis contraint d’admettre que j’aime les écharpes, je trouve que ça rend les gens jolis. J’aime la couleur orange et l’odeur des premières pluies quand le sol est encore chaud.