Dans cette petite pièce de Bushwick, hâtivement déshabillée de son esthétique inauthentique pour préparer notre arrivée, un maître du flamenco accorde sa guitare patinée par le temps. À sa gauche est assis un modèle de précision, un artiste dont le jeu baroque sur guitare classique a peu d'équivalent. Ces deux personnages ne se connaissaient pas avant que leur musique ne les rapproche. Ils communiquent désormais à travers les générations.
Pour certains acteurs, feindre les manières, les accents, se parer d’émotions est comme une nécessité. Ils ne peuvent concevoir leur métier sans parure. De même, certains musiciens ont besoin d’un arsenal d’artifices pour accrocher leur public. Ils tordent et refaçonnent leurs voix dans des miroirs déformants, ou accumulent les masques, se grimant pour coller à l’air du temps. Ce sont ceux qui seraient prêts à tout pour que ne soit pas dévoilés leurs villages Potemkine.