Les Winter Gloves avaient réussi à obtenir l’autorisation d’aller y jouer avant l’ouverture, à l’heure où pas un touriste ne traîne dans les environs, où tout ce que l’on peut croiser, ce sont des ouvriers affairés à terminer les chantiers.
On aurait aimé y passer des heures, jouer sous les structures en bois d’un massif grand huit des années cinquante. Mais La Ronde ne nous était que partiellement ouverte. Trop dangereux, pas assez de temps, nous voilà coincés devant une grille. Qu’importe, nous jouons des panneaux d’avertissement, lançons une bombe de rythme sur un mini-ampli, l’affaire est pliée. Les Winter Gloves sont timides, plutôt réservés, mais savent compenser cela par des chansons délicatement montées sur ressorts.
Une chanson n’était pas assez. Surtout que c’est à l’extérieur que nous attend le plus impressionnant. Le pont Jean Cartier vaut à lui seul toutes les attractions du monde. Sous les imposants piliers, une rythmique diffusée sur un petit ampli de poche, les Winter Gloves avaient un kit de mini disco, juste pour eux, comme seuls au monde dans un décor étourdissant.