On pourrait louer cette façon de faire une musique qui s'échappe des cases et ignore les étiquettes, qui fait bouillir ses racines jazz dans un chaudron pop jusqu'à ce que les vapeurs envahissent la pièce. On pourrait admettre avec vous qu'on adore cette façon de tout vouloir et son contraire : sculpter des structures rythmiques alambiquées, qui s'éloignent des évidences en minaudant pour mieux y revenir, le tout sans jamais laisser au vestiaire un certain sens de l'élégie, des mélopées qui inspirent et envolent plus qu'elles ne plombent.
On pourrait également vous rappeler que Thus:Owls a déjà fréquenté la Blogothèque : Nat les avait ramené d'une escapade canadienne, puis on les avait programmé au Scopitone, lorsque nous y assurions encore quelques résidences.
Ce qu'on voudrait surtout vous raconter, en fait, c'est ce moment là. Ce soir là, devant un public clairsemé mais béat d'admiration, les Thus:Owls avait chanté "Eagles Coming In", une chanson d'altitude qui ne trahit pas son titre. Il y a, sur ce titre là encore plus que sur les autres, tellement d'air et d'espace dans le chant d'Erika Alexandersson que si vous fermez les yeux, vous pourriez presque y croire : être là-haut, loin, où l'air est pur et clair et où les sentiments ne sont plus que lumière.
Besoin d'une preuve supplémentaire du talent très particulier de cette petite bande ? La voilà en image, puisqu'on était armé d'une caméra ce jour là.