J'étais caché derrière l'entrée du couloir. Je ne voyais que le pied de Vincent qui se balançait, et Thomas Dybdhal de dos. Je ne pouvais qu'entendre et deviner la bataille. Car c'est une bataille qui se joue là. Celle d'une chanson qui promet à une grande ville qu'il lui faudra bien se rendre, un de ces jours. Celle du micro coincé entre un pot de fleur et le vent. Celle d'une caméra qui penche au dessus du vide, dans la maigre espace d'une fenêtre, pour mieux coller un homme qui se bat avec sa guitare, et cette chanson qui semble lutter pour se dégager un meilleur espace que cet hôtel quelconque. A la fin, la caméra se rend. Qu'elle est bien élevée...
Je suis trop poli pour vous raconter les hésitations. Le calme de Thomas Dybdahl qui ne comprenait pas grand chose et attendait. Ce fut dur, mais nous sommes heureux. Parce que soudainement, un homme pleurait contre la porte d'une chambre, au bout d'un couloir sordide, et nous ne savions pas s'il y avait quelqu'un derrière cette porte. Il chantait, et nous, on inventait des histoires.