C'est le même soir que l'on rencontrait Marion. Elle s'habillait avec charme de blanc et ressemblait de loin à une version moderne et brésilienne d'un certain goût parisien. Etrange apparition lorsqu'on ne connait rien au Brésil et qu'on pense y entendre de la samba à tous coins de rues. On se laissait entraîner dans une valse pendant que Thiago et ses musiciens jouaient de leurs accents européens, et on tombait un peu amoureux de cette version si étrange et moderne du cannibalisme brésilien.
Apres le concert de Thiago, on évoquait ensemble ses aspirations et ses voyages. L'idée du petit cabaret a la paulista restait en tête, avec un piano au milieu, on se disait qu'il fallait le sortir dans la rue mais pas n'importe quelle rue - le Minhocao, la fameuse et haïe autoroute qui transperce le centre ville, transformée en grande aire de jeu tous les dimanches lorsqu'on y interdit la circulation.
Ce que l'on fit le dimanche qui suivit, en regroupant quelques amis pour jouer notre jeu, valser et chanter ensemble au milieu des barres d'immeubles, des joueurs de football et des marchands de glaces.
On enregistre des films comme on garde une photo de groupe, un souvenir encapsulé d'une période de vie. On a des prétextes pour tout, on trouve toujours une façon de faire croire à l'art pour profiter de la vie. Comme on fait des films avec Thiago Pethit pour garder une image de Marion habillée de blanc.