Xochimilco, c’est le quartier des canaux de Mexico, classé au patrimoine mondial de l’Unesco. C’est un vestige des lacs et marais sur laquelle la ville est bâtie, un lieu étrange, dédié à la culture des fleurs et au tourisme. Les mexicains y viennent en nombre le weekend, passer quelques heures en famille sur un des nombreux bateaux à fonds plats qui accueillent buffets et repas de fêtes. Nous avons loué une de ces trajineras et emmené les Plastics Revolution jouer leurs morceaux festifs au milieu d’autres embarcations bariolées, emportant des touristes ou d’innombrables vendeurs ambulants proposant souvenirs, nourritures et boissons alcoolisées…
Le groupe était ravi et en grande forme, désireux de prouver que sa pop joyeuse et souvent brouillonne pouvait aussi s’entendre en versions acoustiques. Sans électricité mais pas sans dépouillement pour autant : nous avons eu un accordéon déchainé, des guitares énergiques, des chœurs fervents (avec l’aide d’amis qui se sont mêlé au groupe dans un grand élan d’enthousiasme collectif) et un chant survitaminé… Ce fut joyeux et bordélique, plein de vie et d’humanité. Et cela aurait déjà largement dû suffire à notre bon plaisir.
Et puis il y a eu ce moment dont on avait rêvé en préparant ce voyage, dont on avait évoqué la possibilité sans chercher à réellement la prévoir : faire jouer un des groupes avec un orchestre de mariachis. Art a saisi l’occasion au vol, les mariachis Santa Cecilia ont accepté presque aussitôt, les Plastics Revolution ont fait sembler d’hésiter un peu (nous les avons finalement soupçonné d’avoir eu ce genre de fantasme auparavant) et puis tous se sont lancés après deux minutes à peine d’échanges sur les accords et les rythmes. Il n’est pas besoin de longues explications, les sourires des protagonistes en disent plus longs que mes mots : ce fut unique et mémorable, une rencontre pétillante et magique.
Le soir même nous avons retrouvé les Plastics Revolution en concert à l’Imperial, une des plus branchées de la ville. C’était électrique et un peu fou, survolté et presque jouissif, leur pop prenait des accents orgiaques inattendus et renversants. Les Plastics Revolution nous ont bluffés deux fois dans la même journée… Merci à eux.