Pedro Soler, grand guitariste flamenco, les a invité en septembre dernier, à venir jouer une date unique dans le cadre d'un festival de guitares à Perpignan. Marquant alors une pause dans l'enregistrement démentiel du nouvel album, ils viennent se reposer l'espace de quelques jours à Banyuls, petit port tout au sud de la France en bord de méditerranée. Ils restent au mas de Pedro et Madeleine, isolé sur la montagne et dominant la mer. On avait convenu d'y rester aussi quelques jours avec une bande d'amis, de profiter du soleil et du sud, de leur présence étrangère.
Le concert de Perpignan fut éblouissant, date perdue et explosion live bienvenue - quiconque les a déjà vu en live comprend que ce groupe puisse parfois foutre des frissons. Il est difficile de dire que Matt "fait le spectacle", même si on reste accroché à ses mouvements nerveux et brusques, imprévisibles. Il confiait l'été dernier «What's easy about going onstage and singing as opposed to just speaking publicly, is that, you have music behind you just to cover you up a little bit. To hide in...». Tout est là.
'Start a War' fait partie de ce nouvel album. Il était tard, fin de dîner sudiste, sous un arbre, il semblait évident de devoir faire participer tout le monde à la musique. Je crois que c'est Bryan qui a eu comme idée que toute la tablée se mette à frapper en rythme, avec ce que chacun avait sous la main - verres, assiettes, bouteille, bouts de bois. Mains. Ca s'est déroulé en douceur, un peu dans les brumes d'alcool, un peu dans la chaleur de l'Espagne toute proche.
Ensuite, on est monté en haut de la montagne, à la Salette, là où brille la chapelle qui surplombe les montagnes alentours. Les National ont joué «Ada», morceau tout en implorations, deux fois de suite, la première avec des corps qui dansent autour, la seconde soutenus par les voix de la petite quinzaine de personnes que l'on formait. C'était beau comme fin de nuit, c'était quelque chose qui, on le sentait bien, ne pouvait avoir lieu que dans le sud.