Tout ceci a un côté incroyablement premier degré, comme si on entrait dans une secte extatique scotchée sur La Mélodie du Bonheur. On apprendra après le concert en discutant avec eux qu'une partie de la troupe (claviers et violoncelle) a été recrutée en Autriche au début de la tournée européenne, et que les petits nouveaux ont appris douze chansons en dix-neuf jours. Avec le sourire, bien sûr.
Les Hidden Cams terminent à dix sur scène pour Music is my Boyfriend. Les paroles de cette chanson disent : I gave him a tambourin and he gave me a scream. Qu'à cela ne tienne : Joel Gibb fait monter un type sur scène et lui donne un tambourin. Le type est heureux, il crie. Il vit la chanson, on n'en croit pas ses yeux. On est à mille lieux des clichés rocks : je frôle malencontreusement ma voisine et elle me lance un sourire béat, comme si ça n'allait jamais s'arrêter toute cette joie. D'ailleurs ce soir-là, au Point Ephémère, la salle ne voulait pas que ça finisse : après trois rappels, le public en demande encore, car il a le sentiment d'une réserve de bonheur inépuisable. Va-t-il leur en rester pour le concert à emporter à suivre ? La réponse est à regarder : ceux qui se sont attardés pour boire un dernier verre n'ont pas eu l'air de le regretter. Vincent Moon, arrivé sur les rotules après le tournage d'Herman Düne et un concert qui l'avait tant soit peu dématé, n'a eu qu'à se laisser porter par les courants de Golden Streams, dont la douceur vint apaiser la sueur versée pendant le concert. Le long du canal Saint-Martin, musiciens et spectateurs ne forment plus qu'un seul flot sur Boys Of Melody, avant le point d'orgue sur Smells Like Happiness :
Happy we are when we choose to wear the blindfold
And mark our own day with a parade and a song.
Ce n'est même pas de la méthode Coué. En rentrant chez soi, on a l'impression de sortir de sa première communion. On est heureux pour eux, pour nous, et maintenant, j'espère, pour vous.