Ce jour-là, The Bewitched Hands nous ont d'abord emmenés dans les vignes, Champagne oblige, et les vendanges allaient commencer quelques jours plus tard. La terre collait aux semelles, la lumière était belle, et l’énergie du groupe était palpable. On a éparpillé les six, joué à cache-cache, maudit les nuages, prié pour qu’il ne se mette pas à pleuvoir. Les Bewitched Hands sont étonnants – pour un groupe français. On a l’habitude des folkeux mélancoliques, des rockers nostalgiques, des bidouilleurs qui font danser les foules. Les Bewitched eux chantent en anglais, des paroles qui résonnent, des mélodies travaillées et puis des choeurs qui collent des frissons et parfois mouillent les yeux. Et puis on a rangé les instruments, on a goûté le raisin – tant qu’à faire – , passé un quart d’heure à gratter les douze centimètres de terre sous nos chaussures, et on est partis pour un vieux circuit automobile abandonné non loin de là, au bord d'une nationale.
Il y avait les vieux sponsors aux couleurs passées, les murs sales d'un local où traînaient sacs de gravas et barres de métal, et au loin, les champs dorés, un tracteur rouge comme un camion de pompiers qui faisait des tours. On a tout poussé, on s'est installés, et on a pris une claque. Avec JB, nos casques sur les oreilles, on se regardait, on souriait comme des gamins, on mimait wouah avec la bouche et les frissons dans le dos.
Non non, ça va, j'ai juste un truc dans l'oeil, ça doit être une poussière.