Une partie du Taraf de Haidouks était dans la chambre, jouait, comme elle avait déjà joué dans la rue en bas, dans l'escalier, dans le hall, comme elle jouera en redescendant, sur le chemin du camion, dans le camion, tout le temps, tout le temps, ne s'arrêtant que parce que nous leur demandions, ou pour s'allumer une clope. S'allumer, parce qu'une fois dans le bec, elle n'empêchait en rien de reprendre son violon et de repartir de plus belle.
C'est juste ça : une histoire de clopes au bec et d'une musique qui ne s'arrête jamais, de morceaux qui se fondent les uns dans les autres, d'un tourbillon qui chasse l'autre, d'une musique jouée comme on se gratterait l'oreille ou boutonnerait son pardessus, en faisant autre chose, en souriant au maraîcher, en regardant un gadget sur un étal, en papotant, en se retournant, en portant sa contrebasse d'une main et continuant à en jouer de l'autre.