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take away shows — By François Clos

Stranded Horse

Comme beaucoup, j’ai connu Encre avant Stranded Horse. Comme beaucoup, je me suis demandé ce que l’homme derrière Encre allait faire, seul. Comme beaucoup, sa présence minimaliste sur scène, armé d’une kora ou d’une guitare folk, m’avait de prime abord surpris, presque inquiété : lui qui susurre ces textes vénéneux, lui qui chante d’une voix blanche, comment va-t-il s’en sortir sans un débordement d’arrangement ?

Et comme tous, j’ai été pris à la gorge par une voix pleine, nasillarde, hargneuse, d’un anglais à la précision inattendue, et comme vous, je l’espère, j’ai aimé à l’instant où les premiers arpèges ont sonnés.

Les années ont passé, Encre a disparu de la circulation et Stranded Horse a écumé les salles. Perdu son Thee pour recentrer le projet, sorti un premier maxi, puis un album, puis un second. C’est drôle, arrivé à la Blogothèque, il y avait deux artistes que je voulais faire, absolument : Saul Williams et Stranded Horse. Les deux vœux se sont résolus à quelques jours d’intervalle, pour deux résultats opposés dans la forme, mais que je chéris de manière égale. Un Saul chamanique, sous terre, et un Yann Tambour magique, dans un pavillon de banlieue, banal et beau.

Colin et moi avions pris le RER, puis l’estafette de l’ingénieur du son de Yann, chez qui nous allions. Yann était là et accordait une à une les 24 cordes, inquiet pour le son, affable, bavard comme les gens discrets peuvent l’être. Et simplement, dans l’après-midi pluvieux, il a lancé le Bleu et l’Ether. Puis Jolting Moon. Dans le silence de la maison, mes préamplis soufflaient beaucoup trop, mais j’étais heureux.