Slaraffenland

Aarhus, seconde ville du pays, venait de se prendre une claque face a l'équipe de foot locale, et 5 jeunes fans malheureux s'étaient réfugiés au café pour éponger leurs pleurs dans l'alcool et les chants haineux. La bagarre n'est pas passée loin, les musiciens ne la ramenaient pas trop, mais les hymnes colériques sont restés brisés derrière la chorale de nos 5 musiciens danois et de leurs invités du moment. Une seule prise, et fin de la journée en léger atterrissage, 10ème morceau en poche, dans une société à la douceur toute scandinave.

J'avais rencontré Slaraffenland il y a environ un an et demi, a la suite de la découverte de leur album Private Cinema
en 2007. Toujours voulu faire quelque chose avec eux, croisés une première fois à SXSW en 2008, le temps de faire quelques vidéos pour un autre website mal foutu, et de les avoir participant a une belle pièce musicale avec d'autres favoris, les Stars Like Fleas. Et de nouveau cette année à SXSW, lors d'un essai musical et cinématographique un peu plus risqué, sorte de mini Russian Ark super lo fi (ne ratez pas les 5 dernieres minutes, ça vaut le coup d'attendre). Deux petites expériences de cinéma musical qui devaient mener au projet Temporary Copenhagen / Temporary Slaraffenland, tourné en mai 2009 dans la capitale danoise, sur l'espace de quelques jours.

Ces 3 vidéos présentées aujourd'hui sont extraites d'un film de 40 minutes qui sera en ligne cette semaine même sur Temporary Slaraffenland, un film tourné un peu sur les traces du beau projet Flying Club Cup avec Beirut - le principe étant simplement d'étendre une session de concert à emporter à une journée entière (voire plus), et rejouer ainsi tous les morceaux d'un nouvel album, avant sa sortie, dans le principal lieu d'inspiration des musiciens. En donner ainsi une version alternative, à l'heure où l'idée de perfection et d'enregistrement ultime s'échappe encore un peu plus. Toujours renouer avec l'éphémère et la zone temporaire.

La première vidéo présentée ici est aussi probablement ma favorite du lot - une parfaite chorégraphie, dans le conservatoire de Copenhague, qui rappellera un peu le rythme du concert a emporter de Sigur Ros. Chaque morceau de la journée fut accompagné d'invités, donnant à chaque performance son coté unique - ici, notamment Caecilie Trier au violoncelle, qui devrait faire parler d'elle l'année prochaine avec son projet Chimes & Bells ou via celui de son ami Jannis, Choir of Young Believers.

La semaine passée a Copenhague fut remplie de rencontres et découvertes étonnantes, mais aucune autant que celle du Valby Vokalgruppe, l'ensemble vocal expérimental de Anja Jacobsen - dont j'avais enregistré cet inouï et mystique Mana Mana, qui reste pour l'instant leur seul enregistrement. Elles participent ici à “The Right Place”, sur un étrange open stage du centre de la ville.

J'étais parti un peu en quête de cette 'nouvelle' scène danoise, principalement sur les traces de Efterklang et Slaraffenland, voulant documenter de manière assez expérimentale la création locale. J'en suis revenu assez bouleversé par l'ouverture d'esprit plus que par un son commun a tous ces groupes, mais y ai puisé bien assez pour relancer un peu un ancien projet, celui des Temporary Areas - ou comment explorer le monde via un outil d'enregistrement, et quel impact peut avoir une caméra sur le cours des choses. Expérimenter plus que documenter dans un sens objectif. L'intégrale sera en ligne bientôt, sur Temporary Copenhagen, mais d'ici la profitez de la joie véhiculée par Slaraffenland et de l'atmosphère danoise - et des belles femmes, oui.