Il va regarder au loin, sans regarder nulle part en particulier. Sivu est seul avec sa chanson, avant même qu'elle ne commence. On a rarement vu quelqu'un paraître si habité par sa musique. On a le sentiment qu'il chante pour une personne qui se cache derrière son épaule, pour une absence trop lourde à porter, qu'il lui fallait l'infini des falaises, le vide alentour, pour pouvoir tourner en rond, rester seul avec ce qu'il a à chanter.
Il nous a alors transformé en spectateurs fantômes. Nous n'existions plus, ni nous, ni les cuivres. Il n'y avait que cette mer, ce ciel, et ce garçon en pardessus qui regarde l'herbe longue. Et qui chante une chanson encore plus belle parce qu'elle est nue, balayée par le vent.