La beauté de leurs compositions tient pour beaucoup aux vibrations de l’air qu’ils arrivent à faire passer dans les interstices des mélodies lancinantes de Martin Courtney et les lignes de guitare de Matthew Mondanile, désarmantes de simplicité. Cet espace est unique. On sent qu’il a été gagné au gré de l’ennui adolescent, des heures passées à jouer et à chanter au bord des piscines, dans le garage des uns et des autres, jusqu’à ce qu’il devienne le lieu même de leur amitié.
Quel plaisir de les voir se poser dans les fauteuils de ce salon pour partager un peu de cet air-là en cette fin d’après-midi. Quoi de plus naturel ? Deux titres passent et on jurerait que c’est le soleil du New Jersey qui vient se coucher sur les toits de Paris. Il ne faut d’ailleurs pas grand chose pour voir les trois garçons décoller et se retrouver transportés jusque chez eux. Une proposition malhonnête lancée en rigolant au rebond d’une anecdote, et les voilà qui se lèvent, potaches, pour reprendre le « Say It Ain’t So » de Weezer, les yeux brillants comme les gamins de seize ans qu’ils n’ont pas tout à fait cessé d’être. Pour quelques minutes, nous sommes projetés dans le sous-sol des parents de Matt, souriants nous aussi, parmi les copains un peu branleurs venus assister à l’une de leurs répétitions. Ne manquent que la Budweiser et le Sprite. Le vin blanc fera l’affaire.
La soirée en est relancée et les titres s'enchaînent, malgré la fatigue de la tournée déjà bien entamée, malgré la nuit blanche à Primavera. Pour finir, nous aurons le droit à une nouvelle chanson, face B de leur futur quarante-cinq tours. Encore une merveille dont les dernières notes continueront de flotter dans la nuit, tandis qu' Alex, Matt et Martin profiteront de la terrasse bricolée sur le toit pour apprécier la douceur du printemps parisien.