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take away shows — By Rockoh

Radaid

Nous nous sommes perdus dans Guadalajara, les rues se ressemblaient toutes : les mêmes fontaines, les mêmes immeubles bas, les mêmes couleurs gaies sur toutes les façades. Et quand on nous disait "c’est juste là", il fallait traduire "il vous faut au moins encore un quart d’heure de voiture". Daphné a fini par trouver le lieu de rendez-vous, mais elle n’était pas rassurée, cela avait l’air du parfait coupe-gorge : un grand garage sombre et enfumé dans une petite rue déserte. C’était le local de répétition de Radaid, aussi glauque que leur musique peut être lumineuse.

Nous ne savions pas vraiment à quoi nous attendre. Nous avions beaucoup apprécié les morceaux dénichés sur le net et leur musique métissée qui évoquait autant Dead Can Dance que Lo’jo ou Orange Blossom (avec aussi parfois d’étranges similitudes avec Stereolab, The Notwist ou The Cranberries), mais nous n’avions aucune idée de ce qu’elle pouvait donner sans électricité, brute et nue. Nous savions cependant que le groupe "avait du métier", qu’il tournait dans le monde entier et qu’il y avait chez eux un professionnalisme qui nous mettrait à l’abri d’une éventuelle déception.

Il a fallu déplacer tout ce petit monde, huit personnes, trois voitures et des indications contradictoires. Nous sommes perdus à nouveau puis retrouvés près d’une fontaine encore. Il a fallu équiper tout le monde, ça a pris près d’une heure, la lumière magnifique baissait rapidement et Art ne savait pas encore où il voulait faire jouer le groupe, ni ce que leur musique donnerait. Pour tromper l’inquiétude, ou les provoquer peut-être, il s’est déchaussé, mis à l’eau et a invité le groupe à l’imiter.

Ils ont joué "Shine". On a du prétexter un problème technique pour pouvoir entendre une seconde fois ce petit miracle acoustique : de l’éclectisme mais une cohérence rare, des instruments qui surgissent de partout, le chant puissant et le charme désarmant de Sofia, le chant de soprano bouleversant de Mary, la cithare et le djembé… La messe était dite, leur technique et leur sensibilité étaient telles que nous aurions pu les faire jouer n’importe où. Leur musique était plus universelle que nous l’avions imaginée, évoquant des sonorités du monde entier à chaque note. Nous étions à Guadalajara, mais nous aurions pu tout aussi bien être au Caire, à Delhi ou à Copenhague…

Nous avons choisi au plus proche, contre la façade d’une église puis dans un joli patio. Nous ne savons pas où ils avaient pu cacher les petites cloches, ni d’où Sofia a pu sortir son tambour et son mégaphone… Nous aurions pu les écouter pendant des heures, étirer ce morceau au-delà du raisonnable ou en jouer d’autres, mais nous avons dû les quitter à regret : ils avaient un concert et nous avions des heures de sommeil à rattraper…

PS : notre voyage mexicain aurait pu s’arrêter à Guadalajara. Pendant "Fille du Soleil", le groupe s’est brusquement interrompu, l’air horrifié et un des membres s’est précipité vers François pour écraser la ridicule petite araignée qui s’approchait de lui…Une espèce particulièrement dangereuse et à la piqûre parfois mortelle !!!