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take away shows — By msaura
Directed by
Vincent Moon
In Paris

Polar

J'ai un problème avec les mots. Depuis longtemps déjà, en musique comme ailleurs. Alors savoir que j'allais filmer Polar et qu'il chanterait en français, bon...

Surtout que ce satané français, il a ce sens qui prend constamment le dessus sur sa sonorité, l'oreille s'accrochant malgré tout à une volonté de raconter qui, franchement, m'emmerde assez - pas assez de place ménagé à l'investigation personnelle, au sentiment d'explorer avec ses propres sens.

Au langage, préférer les corps, toujours, les corps et leur capacité à raconter des histoires de mille manières différentes. Alors chez Polar, c'est normal, ce que je préfère, c'est le corps. Un putain de corps faut dire.

Bio rapide, encore quelques mots (des maux aussi): Polar, Eric Linder, suisse d'origine irlandaise, anglais comme langue maternelle, base de ses trois premiers albums, on dit 'sombres', aujourd'hui quatrième album, le chante en français, textes de Miossec. Ancien champion de cross-country. Vit à Paris. Beau mec, classe, hésite pas à dire à une fille qu'il la trouve belle. Classe.

Donc une matinée début septembre, rendez-vous pris au jardin d'acclimatation, le bois de Boulogne. Lui sa guitare, Gil ses micros, moi ma caméra (qui est même pas la mienne, j'en ai pas).

D'habitude je demande gentiment aux musiciens de bien vouloir faire 3 morceaux différents, histoire d'en avoir deux à coup sûr de réussis à mettre en ligne - ça prend en général un peu plus d'une heure. Eric lui, dans le même temps, il en fait 8. Pas moins. Galère de choisir lesquelles mettre en ligne, on décide donc d'en mettre 3 au lieu de 2, mais toutes auraient méritées d'en être.

Ce qu'il s'est passé justement, c'est qu'il a débordé le Polar. Impossible à arrêter, presque impossible à suivre, courant dans tous les sens, grimpant dès qu'il le pouvait. Ca a commencé par une course après des chevaux terminée en virée dans un champ d'orties, enchaînée avec des oiseaux qui s'envolent et une corde qui lâche au bon moment, une poursuite infernale de dix minutes dans les bois où il a tout fait pour nous semer mais où on l'a finalement retrouvé allongé dans l'herbe poussant la chansonnette, une envolée dans les arbres pour y chanter encore plus haut, et un duo improbable avec un rottweiller qui l'aurait bien bouffé entier. Il venait de me dire 'tu vas voir, je vais me faire attaquer par un chien' avec un grand sourire.

Les Concerts à Emporter, ça fait un ptit moment que j'en enchaîne, ces rencontres courtes dans lesquelles mon principal travail est d'y donner un petit supplément d'âme, loin d'un rapport 'professionnel' ou trop distant, trop évasif. Parfois ça marche, parfois moins. Je les ai surtout pensés comme une tentative de créer un espace unique d'échanges entre des corps, une création à mi-chemin entre la musique et l'image, une guitare (pas seulement...) et une caméra en face à face. Cette matinée là avec Polar, elle me reste en mémoire comme le plus beau des combats.

W.S. Burroughs disait 'le langage est un virus venu de l'espace'. Polar, c'est sûr, il vient de la terre.

POLAR sera en concert, le 26 octobre à la Maroquinerie, à Paris. La Blogothèque fait gagner 10 places aux premiers lecteurs qui nous enverront un mail avec le titre du premier album de Polar. Blogotheque (at) gmail (dot) com.