Les trois canadiens ont débarqué les bras chargés de quelques guitares et d'une batterie qui allait trôner un peu plus tard, au milieu du salon, narguant des ingés sons un peu inquiets par ce qui s’annonçait : de l’amplification et forcément un volume sonore assez inhabituel pour une Soirée de Poche. Il fallait répondre du tac au tac et ne pas se démonter : on a donc tendu plus de câbles que d’habitude, on a installé une lampe dans un arbre dans la rue, au prix de dangereuses acrobaties et on a installé plus de monde qu’il n’était décent de le faire…
Dans la petite maison de Montreuil, le public s'est installé dans tous les coins, dans les escaliers, derrière les canapés. Le seul espace qu’on n’a pas investi tout de suite c’était le canapé à côté de Warren. Un peu de distance tout de même et un peu de réticence timide à venir s'asseoir un coté d'un chanteur par tout à fait à l'aise lui non plus. Ce n'était pas trop son genre, vous comprenez, « arriver comme ça dans une soirée, et jouer du Bon Jovi ».
Il faut croire que de monter sur des tables met les chanteurs en confiance. A partir de là, c'est allé crescendo, en niveau sonore et en intensité. La timidité, c'était fini : quelqu’un s’est assis dans le canapé, tout le monde s’est levé, on a investi la cuisine, on applaudissait à tout rompre, on s’est mis à hurler « Bye Bye Bye », puis à taper du pied à en faire trembler les mezzanines, et à halluciner un peu, pour un final épique, sur une version psychédélique et sans fin de « Faerie Dance ».
Ce soir là, pour les premiers jours du printemps, nos charmants hôtes avaient ouvert grand leur porte, et un peu trop grand leurs fenêtres. Figurez vous que les canadiens charment les petits chats, mais pas encore les voisins.