Je me souviendrai toute ma vie de cette course à perdre haleine dans les couloirs de la Gare de Lyon.
Je me souviendrai toute ma vie de la vitesse à laquelle j'ai descendu les escaliers du métro, franchi le tourniquet comme si j'étais poursuivie par une armée de zombies, avant de me jeter dans la rame sans même vérifier qu'elle partait dans le bon sens.
Je me souviendrai toute ma vie de mon arrivée dans le hall de l'Olympia en sueur, au bord de l'apoplexie, mon cœur prêt à sortir de ma cage thoracique.
Je me souviendrai toute ma vie d'avoir rapidement constaté que j'étais la personne la plus jeune de toute la salle. La moins en couple aussi.
Je me souviendrai toute ma vie des larmes coulant de manière incontrôlée sur mes joues alors que retentissaient les premières notes de "My Special Prayer" et d'une reprise vibrante de "Try A Little Tenderness" d'Otis Redding.
Je me souviendrai surtout toute ma vie du moment où Percy Sledge, 67 ans à l'époque, est allé chercher sa femme en coulisse et l'a faite venir sur scène pour lui interpréter "When A Man Loves A Woman" à genoux, en larmes.
Ce jour-là, j'ai compris ce que voulait dire les mots "soul music". Et ce qu'était l'amour absolu, le vrai.