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Øya festival 2016

Passé le choc thermique de notre arrivée à Oslo sous la pluie et dans le froid (relatif certes, mais 8°C en août, sérieusement la Norvège ?), c'est dans la joie et la bonne humeur qu'on a attaqué notre premier Øya Festival - François y était il a deux ans, Vincent l'année dernière.

Le Øya, c'est d'abord un cadre, le Tøyenparken, joli parc du centre de la capitale norvégienne où on trouve pèle-mêle des kilomètres de gazon bien sûr, des stands de nourriture bio, autant de bars et de serveurs que de festivaliers, et trois piscines municipales absorbées par le festival pendant les quatre jours qu'il couvre - mais réservées aux heureux élus de la Mixed Zone où se croisent artistes, labels, journalistes, tourneurs et agents. 

Le Øya, c'est aussi une ambiance particulière. Un festival où rien ne dérape, la faute à la pinte à 10 euros probablement, et à la moyenne d'âge des festivaliers, plus proche de la trentaine que de la vingtaine. C'est parfois frustrant (on aurait aimé voir une séance de ventriglisse dans le couloir de boue que la vilaine pluie du jeudi avait dessiné entre la scène Sirkus et la Vindfruen ou un début de chenille peut-être), c'est parfois agaçant (on aurait pu prendre une tasse de thé au premier rang du concert de Foals sans problème), mais c'est aussi étrangement reposant. Tout est facile au Øya : personne ne bouscule personne, tout le monde sourit, les scènes sont entourées de panneaux "no crowd surfing", les couples et familles se prélassent au soleil sur de mignonnes petites couvertures tricotées à la main et les enfants-ramasseurs de gobelets sont lâchés en liberté dans le festival sans la moindre surveillance parce que rien ne semble pouvoir arriver dans ce cocoon grand comme un quart de Rock en Seine.

On ne s'étonnera pas alors d'avoir été accueilli comme des rois par un festival qui ne lésine pas sur les activités extra-festival - oui, on est allé faire de la tyrolienne en haut d'une ancienne piste de saut à ski des JO ; oui, on a fait une croisière en bateau dans les fjords ; et oui, on a passé une partie de la nuit du vendredi sous un magnifique tipi là-haut dans la forêt dominant Oslo -, mais tout cela avait un but : nous faire découvrir, outre les artistes internationaux présents au festival (big up à Jessy Lanza, Bleached, Rat Boy, Anderson Paak, M83, Massive Attack, PJ Harvey et New Order), la diversité et la vivacité de la scène norvégienne.

C'est ainsi que la session de zip-lining s'est accompagnée d'un concert intimiste de la jeune chanteuse Ary, entourée pour l'occasion du producteur Carl Louis - Ary dont on a ensuite retrouvé l'électro-pop envoûtante sur la scène du Sirkus ; que la croisière dans les fjords a été l'occasion de faire tout un tas de quizz sur la scène norvégienne ; et que la nuit sous le tipi s'est transformée en l'une des plus belles découvertes du festival, l'artiste Nils Bech, sorte de Tintin nordique à la voix de castrat, dont les boucles électro fascinantes lui ont valu d'être signé chez DFA, le label de papa James Murphy.

Outre Ary et Nils Bech, on retiendra aussi : la chanteuse Farao sous la pluie ; le jeune rappeur-petite frappe Ivan Ave, dont les titres hip-hop old school aux influences jazz nous ont pris par surprise ; le math-rock pas toujours précis, mais prometteur, du duo Aiming For EnriqueOkay Kaya, qu'on avait filmé en Concert à Emporter mais encore jamais vu en live, et dont les morceaux, dans la droite lignée d'une Emiliana Torrini, nous ont brisé le coeur ; et André Bratten - pas vraiment une découverte puisque nous l'avions programmé et filmé au Arte Concert Festival en avril, certes - dont le DJ set techno à 160db au club Dattera til Hagen en after du festival nous a fait danser jusque tard dans la nuit.

Photos © Xavier Reim