Dans une trop courte ouverture de soirée, Axe Riverboy, coincé sur les deux premiers mètres de la scène, avait enchaîné perles pop clairement inspirées par le virage des sixties aux seventies et terminé son set par une présentation du groupe digne d'un bon gros vieux festival rock. Of Montreal avait conclu par un show foisonnant, joyeux et invertébré, au son étrange, piochant dans le glam comme dans la disco, dans l'excenctricité d'années que la plupart du public ne connaissait que par la nostalgie de leurs grands frères.
C'était une soirée frustrante, dans laquelle Of Montreal s'est vu refuser des rappels par un Bataclan fermant le rideau à 23h. Vigiles expéditifs et début de l'angoisse pour nous. Nous avions obtenu notre Concert à emporter, pas question de le laisser filer pour un vigile décidé à rentrer se coucher. Deux heures plus tard, on avait foutu assez de bordel et donné assez de joie pour oublier toute cette frustration.
Je ne saurais vous raconter correctement les hésitations, les oui, les non, les peut être, les embouteillages dans le couloir, les “on arrive”, l'attente, le bordel, l'angoisse et l'excitation. Autant commencer dans la rue. Brian, le guitariste ailé de Of Montreal répète quelques accords avec Axe Riverboy. Kevin Barnes flotte sur le trottoir d'en face, une bouteille de champagne à la main. La lumière est jaune, quelques fans traînent. Nous somme à la sortie des artistes, une lourde porte dans une sombre impasse, Brian et Xavier chantent, reprennent les Zombies, nous avançons vers le boulevard Voltaire et l'entrée principale.
C'est au coin que tout a commencé. Les cris lointains de fans ayant tendu l'oreille et repéré les paillettes, Xavier et Brian galvanisés, la troupe qui forme un cercle dense et joyeux autour du duo, le reste des groupes saupoudré parmi les fans chantant à l'unisson. L'euphorie est là. Une autre reprise, une troisième, bougeons, reprenons ci, non, ça. La musique importe alors moins que la joie qui la porte, qu'Axe Riverboy comme un gamin, lancé pour jouer toute la nuit et mener les choeurs, que le navire ivre qui porte un Kevin vaporeux, là sans être là, souriant comme s'il regardait tout cela de bien bien haut, depuis son ciel étoilé.
Il faudra ramener les enfants sur terre, leur demander de nous chanter quelques unes de leurs chansons. Nous ne serons plus si nombreux, ce sera peut être le moment le plus savoureux de la soirée, celui où Axe Riverboy saura faire taper du pied toute une ruelle sur Roundabout, et où Kevin et Brian rythmeront un de leurs vieux tube sur une poubelle. Un moment où, grâce à un peu d'alcool, de la spontanéité et de l'envie de jouer ensemble, ce qui s'est passé à l'extérieur fut sans doute plus mémorable que le concert qui a précédé..