Le dernier avion avait décollé à 21h30. Dans le hall vide éclairé par un ciel de néons, nous installions les instruments de Nicolas Godin et de son groupe, branchions les micros, cachions câbles et fly-cases derrière les comptoir fermés. Un peu plus loin, Victoire se préparait, enfilait un trench, posait un foulard léger sur sa tête. Elle s'apprêtait à jouer l'espionne. C'était pour nous une première, on allait distiller de la fiction dans un Concert à Emporter.
"Bach Off" est l'un des morceaux les plus ambitieux, les plus renversants de Contrepoint, l'album que Nicolas Godin a enregistré en s'inspirant de Jean-Sébastien Bach. Il dure sept minutes, et réussit l'exploit de plonger la musique du compositeur dans un grand bain seventies, un hommage aux musiques de films et plus particulièrement à celles de Lalo Schifrin.
Rapidement, l'idée est venue de suivre le mouvement : distiller une petite intrigue d'espionnage sur cette musique cinématographique, faire un plan séquence de huit minutes, qui marche dans les pas de la musique jouée live par Nicolas Godin. Au final, alors que les bandes originales arrivent traditionnellement en fin de parcours, épousant la forme et le rythme du film, nous avons procédé à l'inverse, en faisant en sorte que le film, dans son déroulé, colle au morceau. Un film de musique, en sorte. Ou un clip live. Ou les deux.