Chez Tigersushi, on ne se limite pas à un genre, ni à une époque, pas à une ville ou un pays. Depuis des années, ils cherchent partout, ont trois pieds dans quatre endroits différents, chroniquent, déterrent, prospectent, des blips blips, des guitares, des chants, de l'Allemand et de l'anglais, du jeune, du vieux, faisant un lieu sans définition, un site qui a la mauvaise idée de changer de serveur ces jours-ci, un site, ou un label, un magazine, une radio, tout ça, un pôle flou et mouvant où se rassemblent ceux qui aimeront être excité à l'aveuglette. Et nous les avons filmé à la maison. A Paris.
La plupart des groupes ou artistes que nous filmons sont étrangers à Paris. A l'originalité du projet, à la spontanéité du tournage s'ajoute souvent l'excitation de l'endroit, le sentiment de liberté réservé à ceux qui ne feront que passer. Un musicien français souvent à l'étranger me disait une fois qu'il se demandait s'il pourrait être aussi bon que ces groupes que nous filmions, simplement parce qu'il serait chez lui, parce que Paris ne serait pas un ailleurs.
Cela s'est illustré avec Tigersushi. Les Concerts à emporter, exotiques à de nombreux artistes, sont ici domestiques. Dans la rue, Guillaume de My Sister Klaus, n'a pas très envie de traverser la rue, ne voit pas pourquoi il irait au milieu d'une voiture. Cette rue, qui ressemble à toute celle qu'il traverse tous les jours. Un mec à vélo improvise un chant hasardeux sur sa guitare, et le voilà plutôt embarrassé qu'émerveillé comme le serait un gars du Texas.