La dernière fois que nous avions croisé les Mumford & Sons, ils jouaient à la Flèche d’Or le soir même. Nous nous étions amusés à traduire leur refrain en Français, nous avions chanté la sérénade à une jeune femme à sa fenêtre, ils étaient un de ces groupes adorables, frais, doués, comme nous en filmions souvent, alors.
Seulement, pour eux, tout allait changer, très vite. Tout allait enfler. Nous sommes en 2016, et leur tournée compte autant de tour bus que de membres du groupe, et plus encore de semi-remorques. Ils emmènent un chef cuistot avec eux, ils ont des gens pour préparer leurs guitares et faire leurs balances, ils ne jouent pas devant moins de 3000 personnes à la fois, et pourtant… les revoilà. Ils ont accepté de jouer le jeu.
Nous sommes dans la Philharmonie déserte. Nous voulions jouer sur le toit, mais la météo… vous savez. Le bâtiment est vide et majestueux. Dans la grande salle, on prépare un concert. L’entourage des Mumford les a précédés, les instruments ont été préparés, mais lorsqu'ils arrivent, c’est comme si (presque) rien n’avait changé. Je mentirais si je disais avoir eu confiance avant de les revoir. Je craignais de trouver un groupe qui n’arrivait plus à s’amuser. Mais sitôt leurs instruments en main, ils jouent, jouent, non stop, comme si nous leur avions offert sans le savoir, une petite récréation. Et ils jouent fort. Et bien. Le morceau a beau être moins léger que ce qu’ils nous avaient joué il y a quelques années, on est frappés par la puissance joyeuse qui émane de leur jeu, celle des débuts. Marcus chante d’ailleurs si fort qu’il ne fera qu’une prise véritable, de peur de s'abîmer la voix.
Mais il reviendra vers nous, juste avant de partir, pour nous proposer de revenir plus tard dans la journée. Bill Ryder Jones ouvre pour eux ce soir là, et il ferait bien un concert à emporter avec lui…