1. Black Star – Respiration
2. Black Star – Thieves In The Night
Si Mos Def voit pour la première fois la lumière discographique sur le mésestimé Stakes Is High
de De La Soul, c'est au tournant des années 98-99 qu'il explose vraiment avec la sortie de Mos Def & Talib Kweli are Black Star
puis de son premier album solo, Black On Both Sides.
Ces deux disques sont comme un manifeste de l'esprit qui anime le petit label indépendant qui les sort, Rawkus : un état d'esprit à la fois très positif hérité de la mouvance Native Tongue et très "black & proud", sur un son qui fait la part belle aux racines jazz et soul du hip-hop.
Puisqu'il faut choisir, commençons par deux morceaux de Black Star, "Respiration" et le mélancolique "Thieves In The Night". Mos Def y pose déjà ce flow étonnament nonchalant et en même temps bondissant. Je virevolte, donc je suis.
3. Mos Def – Ms. Fat Booty
Sur “Ms Fat Booty”, c'est un morceau méconnu d'Aretha qui est ressuscité pour les besoins de la cause alors que Mos chante du Sade en plein milieu du morceau et semble littéralement rebondir de boucle en boucle. Une véritable démonstration de fluidité et d'agilité. C'est la version clown du Mos Def qui s'exprime là, à rapprocher, en termes de rap enjoué qui parle de filles et de drague, du "Just A Friend" de Biz Markie. (Et tiens, tant que nous y sommes, pour un autre morceau qui vante les filles bien en chair, on pourra se tourner vers les De La Soul et leur "Baby Phat"). Dans un monde idéal, cette chanson serait un tube de dance-floor. Merde, elle est le tube de mon dance-floor.
4. Talib Kweli – This Means You
Derrière les premiers pas de nos deux MCs et l'envol de Rawkus, il y a un gars de Cincinnati, Hi-Tek, passé depuis dans l'écurie Aftermath de Dr. Dre et qui reste sans aucun doute un des producteurs les plus intéressants - et les plus discrets, ce qui est quand même relativement rare dans ce petit monde - des dix dernières années.
En 2000, Kweli et lui sortent un album intitulé Reflection Eternal. Evidemment, l'acolyte Mos Def est invité le temps d'un morceau. Extrêmement funky. Si tu danses pas, c'est que tes pieds sont coulés dans du béton.
5. Mos Def – Umi Says
Fier de ses racines et curieux de nouveaux sons, le Mos Def ne se prive pas d'incartades relativement loin du hip-hop classique. Dès ses premières prises, on l'entend assez souvent chanter et s'éloigner de la scansion du rap dès qu'il en a l'occasion.
Sur Black On Both Sides, il se lance même dans cette litanie jazz qui sonne très nettement comme du Gil Scott-Heron. Dédiée à maman ("oumi" en arabe), parce que Mos Def est un bon garçon.
6. Mos Def – Blue Black Jack (feat. Shuggie Otis)
7. Mos Def – Sex, Love & Money
L'obsession suivante d'un Mos Def qui se consacre cependant de plus en plus au cinéma sera de revendiquer le rock comme une musique noire. Sur “Rock'N'Roll”, il chroniquait déjà les racines noires américaines du rock ("Elvis Presley aint got no soul, Bo Diddley is rock and roll, You may dig on the rolling stones, But they aint the first place the credit belongs"). Après la sortie de Black On Both Sides, on attendra longtemps qu'il se choisisse une nouvelle direction musicale sur un fond de rumeurs autour de Black Jack Johnson, un nouveau projet formé avec le clavier de Parliament/Funkadelic, Dr Know le guitariste des Bad Brains et la section rythmique de feu Living Colour. L'objectif : recréer un groupe de rock noir après le split du quatuor new-yorkais.
Il n'en sortira rien, si ce n'est 4 morceaux (et pas franchement les meilleurs, témoin “Zimzallabim”) sur l'album suivant de Mos Def, The New Danger, qui sort finalement 5 ans après Black On Both Sides. On peut toutefois retrouver cette influence sur tout le disque et les suivants. Il invite ainsi Shuggie Otis et sa Gibson pour clamer un boogie qui sent la sueur. “Sex, Love & Money” est une bombe méconnue : une flute, un riff de cuivres sur fond de percus et un Mos Def nerveux et tendu qui n'a pas grand chose à voir avec celui de “Ms Fat Booty”.
En revanche, on oubliera vite fait le True Magic sorti à la va-vite fin 2006 pour pouvoir quitter Geffen : Mos y fait n'importe quoi
8. Common – The Questions (feat. Mos Def)
Tout au long de cette carrière en zig zag, comme c'est la règle dans le rap US, Mos Def sera invité à poser chez les uns et les autres. Il a partagé à plusieurs reprises le micro avec Q Tip ; côté jazzmen, il accompagne Charlie Hunter et sa guitare à 7 cordes mais aussi Ronny Jordan ; on le voit avec Kanye West sur Graduation, sur un remix de DJ Shadow et même chez les Massive Attack, et plus récemment chez les Roots, sur Things Fall Apart puis sur le très sombre Rising Down.
Et il est finalement assez normal qu'il ait aussi été invité sur un des meilleurs albums de rap conscient, cette étiquette dont on affubla à l'époque les disques Rawkus et tous ceux qui dans la foulée s'essayèrent à véhiculer d'autres images et d'autres messages que les gros clichés habituels du rap de caisse. En l'occurence, le Like Water For Chocolate
de Common.
9. Jean-Michel Bernard – Your Feets Too Big
10. Mos Def – Come On
Au fil des années, la carrière cinématographique prend le pas sur son envie de faire des disques. Evidemment, quand on peut concilier l'utile à l'agréable, on ne se prive pas : Mos chante donc sur les BO de ses films. Pour la rétrospective Fats Waller de Be Kind Rewind, il reprend trois standards de jazz dont ce “Your Feets Too Big”. Et quand il interprète Chuck Berry à l'écran, il reprend aussi quelques uns de ses standards, dont ce “Come On”.
Rien ne dit pourtant qu'il en restera là : The Ecstatic, son nouvel album, sort ces jours-ci. Et pour se replonger dans les années Rawkus, on pourra toujours dans les compilations Lyricist Lounge. Vous y trouverez notamment un “Body Rock” de Tash, Mos Def et Q Tip qui vaut plus que le détour. Most Definitely.
- Pour écouter cette sélection, on clique sur ce lien.
- Si vous n’avez pas accès à Spotify, envoyez un petit mail circonstancié à rom"at"blogotheque.net et vous recevrez une invitation dans les 24 heures pour pouvoir vous y inscrire.