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take away shows — By Un invité
Directed by
Nat Le Scouarnec
In Paris

Moriarty

A mon arrivée au théâtre Granit, Moriarty termine tout juste le sound check du concert prévu pour le soir. C’est là que je dois retrouver le groupe pour les conduire en minibus à l’autre bout de la ville. Arthur me raconte d’où ils viennent, évoque Jérôme Deschamps, la tournée qu’ils parcourent, les années passées à peaufiner leur unique album ; moi je lui explique le concept des Concerts à emporter et vers où nous allons : la basilique St Joseph, superbe église néo-gothique où je veux les mener avant la nuit tombée.

Il n’est pas nécessaire de beaucoup les pousser, les cinq brouilleurs de piste se prêtent facilement au jeu. « Jimmy » cette histoire tout le monde la connaît, et Moriarty, sorti tout droit d’un roman de Jack Kerouac, sait les narrer comme personne. Avec une élégance intemporelle, la voix profonde de Rosemary résonne au cœur de la nef et revisite le titre dans une version brute et grandiose, pas loin du blues rural des plaines américaines.

A y regarder de près, Arthur à une guitare incroyable, une guitare tchèque en métal « de 1957 » paraît-il. Quand on sait que la famille Moriarty tire ses origines du théâtre, et plus particulièrement celui de Jérôme Deschamps et Macha Makaïeffe on ne s’étonne pas de découvrir un harmonica, des grelots ou une caisse claire en forme de valise. La scène du cabaret folk « Lovelinesse » aura lieu dans un confessionnal éclairé à la bougie.

La nuit tombe vite pendant l’hiver. Les rayons de lumière se sont maintenant décrochés des vitraux. Peu importe, Rosemary s’y plaît et entame une reprise de Depeche Mode. Là, au milieu d’une église perdue dans l’obscurité, « Enjoy the silence » prend une dimension religieuse, quasi-mystique, troublante même. Tout s’imbrique avec une aisance naturelle, la scénographie est parfaite, et le groupe improvise avec brio. Avec une voix à réveiller les morts, la diva entreprendra ensuite une marche funèbre a capella, une ronde de nuit sublime et envoûtante, qui semble avoir traversé les siècles.

Brouilleurs de pistes et formidables conteurs d’histoires, Moriarty jouait quelques heures plus tard au théâtre, avant de repartir encore pour quelques mois, sur la route.