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take away shows — By deborah

Money

Nous avions rendez-vous à 13h, au 33 Upper St James’s Street au «The hand in the hand pub». Tout près de là, un petit groupe buvait des bières sur un banc. M O N E Y était bien au rendez-vous.

C’était ces jeunes de Manchester comme on peut les imaginer avec leurs pulls trop petits, leur phrasé haché, leurs coupes au bol brouillonnes, leurs pintes à la main. On était là, à traîner avec eux comme si finalement nous les connaissions depuis des années. Une joie douce émanait d’eux, poussée par l’envie de faire oublier leur prestation de la veille, pas des plus merveilleuses.

Jamie était excité comme un gamin et la tension dans son attitude était palpable. Allez, une nouvelle tournée de bière , pour mettre tout le monde à l’aise.

Nous tournerions à l’intérieur du pub. C’était une image d’Epinal, le décor d’un vieux Ken Loach, tout collait à l’imaginaire que l’on aurait voulu y projeter : les cadres au plafond, les cravates sur les poutres, la barmaid, les objets posés un peu partout comme si finalement M O N E Y allait jouer dans notre salon. Le piano était vieux, loin d’être accordé, mais quand Jamie posa ses doigts dessus, la magie opéra. Les clients, peu sensibles à l’agitation, continuèrent leurs conversations, leurs bières, avec ce flegme typiquement british.

Jamie continua à chantonner et le silence se fit, peu à peu. Une dernière gorgée, sa bière posée sur le piano, il était prêt. Les premières notes de Goodnight London résonnèrent dans le pub. Jamie captivait son audience improvisée par sa voix presque assurée. Une émotion nous submergea, identique à la première écoute de Letter to yesterday. Nous étions là, vissés sur notre chaise. La chanson terminée, le temps était suspendu. M O N E Y avait frappé et le rire de Jamie nous confirma qu’ils pensaient avoir réussi leur coup. Une nouvelle bière à la main, nous sommes sortis prendre l’air tout en digérant doucement la claque que nous venions de prendre. Mais Jamie n’avait pas prévu d’en rester là. Il nous offrit alors un de ses poèmes. Il n’en fallait pas plus pour nous ravir.

Loin du centre turbulent de Brighton, la caméra tournait. Great Escape était bien loin, ici ne résonnait que les vers de Jamie. La vie, la mort, Dieu. Les mots claquaient dans sa bouche pour mieux résonner dans l’espace. La rue lui appartenait. Rien ne fut joué, tout était d’un profond naturel. En l’espace de quelques minutes nos regards avaient croisé ces personnes, ces visages, tous indifférent aux maux de Jamie. Cette déambulation nous plongea dans la réalité fataliste qui colle à la peau de ces jeunes de Manchester : la rue est leur terrain de jeu. « I am the master of my own creation »  M O N E Y  est libre par les mots, et le sera encore pour longtemps. Mais pour l’instant, la bière nous attend