Elle était, à l'époque où elle nous a été révélée, incroyablement neuve. Rocailleuse, désabusée, réussissant à conjuguer verve et lassitude dans un même couplet, c'était un coup de frais et un coup de fouet.
Retrouver, des années plus tard, le même Miossec assis sur une maigre chaise de bistrot, courbé en avant pour chanter, quasi immobile à ses musiciens, c'est voir se confirmer cette sensation : Miossec est, avant tout, une voix. Elle porte tout cette voix, cette même voix qu'il y a vingt ans, un peu plus fine, un peu plus voilée, qui a moins de bile à cracher, un peu moins de colère, mais pas plus d'illusions et tout autant de singularité. C'est une voix familière, juste dérangeante ce qu'il faut, avec toujours ce talent incroyable pour le rythme. Il a l'air de ne pas en faire trop, dans ce bistrot, mais c'est Miossec et sa voix qui donnent le ton à ses musiciens survoltés, qui leur donnent leur élan.