Il y a ensuite des raisons plus précises : le Japon est aujourd’hui l’une des dernières terres d’asile de la musique telle qu’elle existait il y a encore quelques années dans nos contrées. Les disquaires sont nombreux : de gigantesques magasins, mais aussi des endroits où les disques sont classés par label indépendant ou de petites échoppes présentant des vinyles dont on ne soupçonnait pas même l’existence, d’obscurs groupes locaux, certes, mais aussi de vieilles raretés brésiliennes, des originaux de jazz, de Marcos Valle au Penguin Cafe Orchestra en passant par des originaux en parfait état de Left Banke ou des Turtles (tout ceci vérifié, trouvé dans une minuscule boutique de Shimokitazawa).
Il y a aussi au Japon une scène musicale d’une incroyable vivacité, et d’une diversité sans commune mesure. Une scène qui pourrait être le tropicalisme d’aujourd’hui : une ingestion et une assimilation pointue et gloutonne des musiques occidentales, retravaillées à la sauce locale. On y trouve de l’indé, du punk, du hip-hop, de belles harmonies, des envolées tribales, de la sauvagerie, de la délicatesse, et surtout une folle envie d’expérimenter, de jouer avec les traditions comme d’explorer des territoires inédits.
En bref, une envie de musique. Une vraie. Nous avons passé six jours là bas, nous aurions pu en passer vingt, et filmer chaque matin, chaque soir, tant il se trouvait toujours quelqu’un pour nous parler d’un groupe fantastique. Nous avons passé six jours au Japon, filmé tant que nous pouvions et en repartant, nous n’avions qu’une envie : revenir…