Colin est prêt, dit à Liz qu'elle peut y aller quand elle veut. Elle lance l'arpège, commence à chanter, ce début de chanson qui semble trébucher. Elle fait un pas, puis bloque, elle étouffe un rire, on recommence : l'arpège, le chant, un pas, elle bloque de nouveau. Je viens vers elle pour essayer de la rassurer, et elle a cette phrase incroyable : "I forgot how to walk".
Liz a chanté, elle a oublié comment marcher.
Nos chemins s'étaient croisés il y a bien longtemps. C'était il y a trois ans, nous avions déjà eu le béguin pour ses chansons sans âge, qui semblaient à mille lieues de son Manchester natal. Elles semblaient sorties du bayou, chantées par la petite cousine timide de Karen Dalton. A l'époque, Liz nous avait attendus dans la rue, nous, une poignée de gens qui sortaient ébahis de la Soirée de Poche de Bon Iver. Elle avait joué dans la rue, nous ne l'avions depuis plus vue. A l'époque, DJ Barney avait écrit "On est prêts à patienter le temps qu’il faudra". Promesse tenue.
Il fut étrange de la voir ressurgir, inchangée, si ce n'est sa nouvelle coupe au carrée. Ses chansons étaient les mêmes, toujours aussi graciles, fragiles, intemporelles. L'album est prêt, nous allons enfin revoir, entendre Liz Green aussi souvent que nous le souhaitions.