Comme quoi, on est toujours un peu trop con. Les trois gars nous attendaient dans les couloirs de leur maison de disque, ils venaient d'enchaîner des interviews, nous ont accueilli avec de grands sourires, ont aimé l'idée d'aller déconner dans les bureaux, ont plaisanté, expliqué à Vincent Moon qu'ils avaient utilisé une de ses vieilles vidéos dans le pressage japonais d'un de leur disque, ont pris leurs mains, une guitare électrique que l'on ne brancherait pas, et nous ont suivi dans un ascenseur.
Oui, un ascenseur, encore. Mais il était petit, et la force percussive des Liars s'y exprimerait à merveille, pensions-nous. Et les parois en métal allaient tellement bien avec les lunettes chromées d'Angus... Ce fut rapide et frappant. J'étais accroupi, chargé de changer d'étage. Derrière moi, les cordes assourdies de la guitare en boucle, et tout autour de moi cela tapait, tapait, tapait, comme une transe profonde et expresse. Je compris pendant un bref instant ce qui pouvait saisir leurs fans durant leurs furieux concerts.
Mais les Liars sont surtout des fanfarons. Le second morceau fut un grand n'importe quoi. Une salière, une porte, un morceau du dernier album mal préparé, et un moment qui vaut moins pour sa musicalité que pour le plaisir enfantin qu'ils ont pris à le jouer. Les Liars / Un plaisir enfantin. Jamais je n'aurais imaginé faire une telle association.