En fait, leurs noms traînaient depuis déjà un certain temps dans les cours de récrée du Pop In, les (très) open-mics du dimanche soir du bar de la rue Amelot, où ils s'amusaient à tout casser - aux folkeux neurasthéniques de l'époque ils répondaient avec une musique où la drum machine ultra DIY (comprendre: on a trouvé des cartons dans la rue les gars, wow, on monte un groupe!) rentrait dans le tas et écrasait la prétention des autres de toute sa fraîcheur déjantée.
Et lorsqu'à mon tour je les ai pris en pleine tronche, plus aucun doute: les Concerts à Emporter, c'était fait pour les Lapin Machin. Parce qu'ils sont comme la perche qui rentre dans le champ - une anomalie qui devrait tout faire s'écrouler, mais d'où pourtant naît l'émotion, exhibant ses cicatrices de môme.
Quand je leur ai demandé une bio pour fournir ce texte, ils m'ont dit n'importe quoi ou presque. Ce qui pourrait donner "Formé autour d'une pratique intense de reprises d'AC/DC et de shoots de megadrive, le trio fut tour à tour indie-punk, lofi-pop, death-folk, anti-rock, indie-junky, avant de devenir ça : du carton, du bois et des cris." De l'amour quoi. Et je suis pas loin de la vérité.
Certains, voyant ces vidéos, se diront 'Moldy Peaches!!!' - difficile de cacher la filiation forcément, et puis les oreilles de lapin font inévitablement penser à Adam Green à l'époque où il était rigolo et jouait dans le meilleur groupe du monde.
Et puis des Moldy Peaches parisiens, c'est forcément mieux que des versaillais sous influence Bloc Party non?
C'était donc en septembre dernier, à la tombée de la nuit, ça a commencé dans la cave de Potemkine, avec des hurlements et des cartons qui volent dans tous les sens, puis on s'est fait virer par le boss du magasin qui comprenait pas pourquoi cette sale bande de punks régressifs traînait dans le quartier - alors on a erré des heures durant, on a envahi la rue la plus bobo du tout Paris pour y jouer (fort), on a trouvé une voiture qu'on a forcé pour s'amuser avec pendant 5 minutes avant de la rendre à son proprio qui flippait, et la lapine Violette est montée sur le toit d'un camion pour y lancer une sérénade aux étoiles.
Je les aime vraiment ces trois là. Ils ont un truc qui devient rare, de l'énergie qui communique, des corps qui donnent envie de sauter dans tous les sens.
Les Lapin Machin viennent de "sortir" leur premier album. Sur le micro-mini-nano-label 'Antiskool Records', forcément, et absolument introuvable à part chez Ground Zero et par correspondance. Plein à craquer de belles chansons pour lesquelles on se battra les jours sans soleil.
Et allez surtout prendre votre claque le 6 décembre dans la cave du Pop In.