On le sentait déjà à l'époque de Lift to Experience, on en avait confirmation en écoutant l'album : chacune des chansons de Josh T. Pearson est une complainte, un mantra qu'il pourrait décliner des heures durant. C'est ce qu'il fit cet après-midi là. Dans une rue calme, un hall vide, le tumulte du boulevard de Belleville, sans personne autour, bousculé, il aura joué encore et toujours la même chanson. Nous suivions souvent, nous essayions de le guider parfois. Dans une rue en pente, il s'amusa à affronter chaque voiture qui descendait, en continuant à jouer, encore, encore...
Nous avions choisi Belleville. Sans vraiment savoir pourquoi, tout juste attirés par la rue Denoyez, ses murs couverts de graffitis, sans cesse redécorée. Ce que nous n'avions pas prévu, c'était le nouvel an chinois : les dragons, les tambours, les ribambelles de pétards. Ce fut d'abord un jeu du chat et de la souris, à essayer de boucler une chanson avant qu'un nouveau déchaînement pétaradant de joie ne vienne couvrir la voix de Josh. Puis, ce fut simplement l'inclusion d'un lent mouvement dans un autre plus chargé, plus rapide, l'errance du musicien, seul, errant, inaudible au milieu de la bruyante et joyeuse foule qui ne le voyait pas. Le soleil se couchait, cela faisait deux heures que nous étions là, Josh n'avait pas fini sa chanson.
Il fallu donc redoubler d'efforts pour aller ailleurs, chanter une autre chanson. Il y avait ce passage un peu plus au sud, personne dedans, un vitrail, de la réverb. Il était là, il était tout.