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take away shows — By Chryde

Jim Yamouridis

Jim. Il ressemble à l'idée qu'on se faisait d'un poète du Sud. Un peu vouté, le visage marqué par des monceaux de peines, tirant en permanence sur sa cigarette, et semblant bouffé par les richesses qui travaillent en lui. Il est là, à une terrasse, il nous attend, et c'est comme si le verbe poussait en lui, comme si ce qui l'entoure n'était qu'un à côté. Il ne demande qu'à être emmené.

Nous l'emmènerons juste en face, chez Michel, un caviste incroyable, capable de parler pendant sept minutes du saucisson de Lyon qu'il va nous mijoter, le genre qui vous berce en vous parlant d'un vin du Languedoc, sans que vous compreniez rien à ce qu'il vous raconte sur la robe du pinard ou la terre de sa région d'origine.

Michel boit un canon avec des potes. Ils parlent bruyamment. Jim s'asseoit. Il lance sa chanson. On parlait de terre, de profondeur ? La voilà. Les bons vivants se taisent, Jim chante, et il fait un truc que personne ne fait jamais. Il regarde la caméra. Pas à la sauvette, non : il REGARDE la caméra. Colin est à la fois désemparé et excité. Et la chanson, qui n'en avait pas besoin, qui avait déjà une voix, une profondeur, les épices secrets du poète du sud, en devient plus intense encore.

Nous bougeons. Le poète est fatigué. Nous nous posons au marché des Enfants rouges. Il est quatre heures de l'après-midi, mais c'est tout comme l'aube : deux trois passants, et les traîteurs qui préparent leurs étals. Jim s'assoit au milieu, il y a toute une vie discrète autour de lui, il chante sa peine.