Jae

Elle était arrivée en solo, avec sa guitare électrique et son mini ampli, façon Jana Hunter.  Je crois que c'est ce qu'on appelle un coup de foudre, évidemment ça vous prend par surprise même si on vous a répété 20 fois « tu vas voir, cette fille, cette voix ».

Cette fille, cette voix, c'était venu d'un autre temps, ça avait des airs et des intonations du début du siècle dernier et là, à moins d'un mètre on se prenait ce timbre incroyable en pleine face.
Ce look, cette voix, c'était tellement improbable pourtant.

J'avais quitté cet appartement avec des disques et la ferme intention de la faire filmer. Ca a mis un peu de temps à se faire. Un an.

Un an, le temps pour Jessica d'évoluer et de bien s'entourer, d'Anat l'israélienne et de Viljam le néerlandais. Le riche trio.
On les a amenés dans un appartement. Toutes ces harmonies c'était peut-être trop délicat pour la rue. Les filles étaient apprêtées, un peu troublée à l'idée d'être filmées de si près.

C'est allé tout seul. Je crois que rarement on a pu filmer autant de morceaux, sans accrocs, en si peu de temps.
C'était si facile, si naturel pour eux qu'on a décidé de les sortir du confort de cet appartement pour les confronter à la vie de la cour et aux regards des curieux. Ils ont chanté dans tous les recoins, se sont amusés avec les bruits des pavés pour finalement trouver, autour de la fontaine, l'équilibre du trio.

C'était en septembre 2010, les derniers jours de printemps je crois. Tout était doux, la musique, le temps. Il fallait bien une voisine dingue « exaspérée par ce boucan » parce que « y'en a qui travaillent » pour nous rammener à la réalité. Ce « boucan » ! Jugez vous même.