Faire se rencontrer deux mondes, rétrécir l'Atlantique, accueillir dans un appartement parisien la mélancolie d'un pays plus grand, mettre la belle voix d'une douce chanteuse française en support de la voix feutrée, presque abrasée d'un Américain. Puis demander au même Américain de rythmer d'une cacophonie artisanale la chanson de la Française. Une terre d'accueil, un lieu d'échange, une culture amoureuse d'une autre, et l'autre qui le lui rend bien. Fargo n'est pas autre chose.
On les voit souvent, les enthousiastes de ce petit label, à l'entrée des salles de concert parisiennes, qui distribuent flyers et CD gratuits, qui affichent en plein l'ambition de la maison : être parisien, et vendre les musiciens des grandes plaines. Depuis presque huit ans, Fargo se fait depuis la France l'ambassadeur de musiques d'ailleurs, de songwriters americana
d'abord (Neal Casal, Ryan Adams, Jessee Sykes...), mais aussi de la pop ambitieuse et délicatement ouvrée d'Andrew Bird (Repassez donc par ici lundi...), du rock tendu et sublimement arrangé des néerlandais d'Alamo Race Track, ou des chansons baladeuses ou joueuses de la belle Emily Loizeau, si françaises et en même temps si joliement pop.
Et tout ça ils le font bien...
On aime tellement Fargo, on aime tellement ses artistes, on a pris tant de plaisir à tourner avec leurs artistes que ce "Lab Series" n'est qu'un petit échantillon de ce que nous avons essaimé ailleurs. Souvenez vous des Alamo Race Track prenant des risques sur un escalier de secours branlant, et attendez vous à frémir lundi prochain, face au violon d'Andrew Bird flanant devant les vignes de Montmartre.
Mais cet échantillon, il dit en même temps tout de Fargo. Il dit tout d'un label qui partant sur un postulat d'ailleurs, a travaillé au corps son ouverture d'esprit, et sait comme peu organiser des rencontres. Emily au piano, Tillman aux percus, symboliquement, on n'aurait pas pu mieux faire...