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take away shows — By Ondine

Isaac Gracie

Nous étions au milieu du mois de mai. Il pleuvait des cordes. Son train avait deux heures de retard. Il devait rentrer à Londres le soir même. Le serveur du bar n’était pas sympa, les prix prohibitifs. Et on n’avait foutrement aucune idée d’où aller pour tourner dans ce Paris gris et humide comme une sale blague de novembre.

Isaac n'était pas de très bonne humeur, convaincu que rien n'allait se dérouler comme il le voulait. J’étais à la fois épuisée et impatiente comme une gosse de l’entendre chanter. On fumait tous les deux clopes sur clopes. Je ne sais pas si le shampoing sec qu'il s'est fait à la terrasse du café l'a aidé à se détendre, mais c'était une drôle de première sur un tournage de Concert à Emporter.

Si ce n'est cette saloperie de temps automnal, on n’aurait pas eu de mal à le filmer dans un cadre bucolique, à sublimer son visage de Hanson / Macaulay Culkin pré-drogues, et à ne compter que sur son allure de gravure de mode, pour capter le regard de la caméra.

Sauf qu’Isaac est très loin de se réduire à sa seule belle gueule.

Et c’est au plus près de lui, de cette voix brisée, profonde, bien plus âgée et égratignée que son propriétaire, au plus près de cette émotion brute, à la fois douce et juvénile, presque grunge, qu’on s’est lové pendant qu'il chantait "Last Words" et "Terrified" sans effet, sans artifice, seul à la guitare.