Texte de Marla Hansen :
Nous étions donc assis dans des barques, au milieu du lac. Nous avions peu de temps pour filmer, et je ne cessais de nous imaginer tomber tous ensemble dans l'eau, embarquant caméra, magnétophones et le reste dans notre plongée. J'avais le sentiment d'être une gosse consciente de faire quelque chose d'interdit, mais pas dramatique. Nous étions supposés être en cours de math, nous avions décidé de sécher pour aller faire de la musique dans des barques.
Piètres rameurs, nous avions néanmoins trouvé quelques points intéressants. Mais il se trouve que le parc avait justement ses pions, des gardiens qui n'appréciaient guère notre projet. Lorsqu'ils nous ont demandé de nous arrêter et de partir, nous avons décidé de comprendre qu'ils nous demandaient d'aller filmer ailleurs dans le parc. Bonne interprétation, puisque nous avons recommencé à chanter, Sebastian et moi, sur un joli rocher quelques mètres plus loin. Les touristes et les écureuils ont profité de notre sérénade, les rangers n'ont rien eu à redire.
Quelques semaines plus tard, je jouais à l'Annex. Le public était bruyant, si bruyant que les quelques personnes venues pour m'écouter ne m'entendaient pas. Je jouais, et me disais que les choses seraient bien mieux si je quittais le club pour jouer dehors, pour faire un Concert à emporter, là, dehors, tout de suite. Ce que j'ai fait : après la première chanson, je suis sortie et ai terminé mon concert dans la rue. C'était bon, c'était spontané, intime. Comme tout concert calme joué en public devrait l'être.
C'était sans doute le résultat d'une leçon prise dans une barque, et ce que je retiendrais des Concerts à emporter : si un gardien de parc vous demande d'arrêter votre musique et de quitter le parc, allez juste jouer un peu plus loin. Si le public s'attendait à du gros rock qui tabasse et n'apprécie pas votre folk discret, cassez vous, allez jouer dehors, allez jouer là où bon vous semble. Tout n'en sera que mieux.
Trad. Chryde