Il ressemblait à un personnage de films comme nos pères n'en regardent plus, on l'aurait bien imaginé draguer les filles depuis une R12 jaune pétant. Il a dit bonjour à tout le monde, un par un. Puis il est parti avec Vincent Moon. Quand il est revenu, on s'était éparpillés dans la rue, on ne savait pas trop ce qu'on allait faire, mais on l'a fait. Il est apparu avec sa guitare, on s'est tous massés derrière lui, et on a chanté.
C'était un putain de mono, Emanuel : il nous disait quel couplet chanter, il nous motivait, et c'était comme s'il n'avait rien à faire des fausses notes, des mains qui ne tapaient pas en rythme. Et nous sur le coup, on ne se rendait pas compte qu'on était de purs amateurs, on était bien. Mais on allait être mieux après.
Réal : Vincent Moon
Tourné à Paris, 2006
Vous ne le voyez pas sur la vidéo. Mais la seconde qui a suivi nos applaudissements, l'orage a grondé. Un vrai, avec des trombes d'eau. On est tous partis se réfugier sous un auvent. Puis j'ai vu qu'il y avait une salle libre aux Templiers. On a couru, on a bravé la pluie, on est allés s'abriter.
C'était drôle, on était tous mouillés. On a mis nos affaires dans un coin, on s'est partagé les bancs, on s'est frottés les cheveux. Et puis on a commandé à boire et pour nous réchauffer, Emmanuel nous a appris une chanson. Il nous a répété les quelques lignes du refrain, nous a raconté comment elle allait se passer. Il s'est assis, à commencé à chanter, il s'est levé sur sa chaise. Et là, je sais pas, on est devenus fous. On était bien à l'intérieur, on hurlait, le reste du bar ne nous entendait pas, et dehors il pleuvait des cordes.
C'était un chouette mono, il a construit une cabane, il a fait un feu de bois, on n'était plus seuls, on était une bande de copains.
Réal : Vincent Moon
Tourné à Paris, 2006
Ça nous a fait bizarre de le laisser repartir vers son pays, juste à la fin. On lui a chanté une chanson alors qu'il montait dans son taxi. On lui devait bien ça. Il nous a donné notre plus beau souvenir de retour à l'enfance.
Encore mille mercis à nos choristes et aux deux Emmanuels de l'histoire