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Herman Düne

Ils ont joué dans ma rue, dans ma rue qui se réveillait avant la nuit. Et c'était comme s'ils faisaient partie de cette vie, comme s'il était normal que deux gars jouent de la guitare et de la boîte à rythme au milieu du train train. Et puis, on est rentré chez César, qu'on ne connaissait pas. C'était le début des surprises.

Ils nous ont attendu devant leur bar. Ils étaient debouts devant le Pop In, comme un rituel. Le temps que nous partions, des habitués sont passés, les ont salués, comme de vieux potes de biture, des visages trop connus pour être autre chose que des familiers. Sur le chemin, Neman ne semblait pas être au courant de la hype qui bruissait autour de leur nouvel album sur les blogs américains. Devant la laverie, alors que Vincent Moon préparait sa caméra, ils plaisantaient, à moitié médusés, de la chronique de leur disque dans le prochain Cosmo. Comme une bande de copains qui ont toujours fait ça entre copains, face à des copains, et qui soudainement vise bien plus loin, sans avoir changé.

Les Herman Düne sont partout en ce moment. Cette session vidéo n'est qu'une parmi une multitude qu'ils ont tournées ces derniers mois. Leur album est plebiscité, vendu, survendu, mais qui méritait cela, sinon eux ? Ils le méritent d'autant plus qu'ils n'ont rien perdu. Dès que nous leur aurons dis 'top', ils ne s'arrêteront plus, enchaineront les morceaux, les jouant comme s'ils avaient été écrits pour être joués à l'air libre, avec l'impromptu des rues, le bruit, les cris, et les accidents. Cela semblait si simple, cela l'avait toujours été et c'est appelé à le rester.

La nuit tombait lorsque nous sommes arrivés devant la laverie. La rue de la Folie Méricourt a commencé à vivre. Les grossistes avaient fermé boutique, il y avait la queue à la Boulangerie, des enfants qui hurlaient entre deux bonbons, des voitures qui profitaient de l'absence de camion poubelle, des vieux au bureau de tabac, quelques personnes pour laver leur linge, des cadres en costard qui rentraient un sac Franprix dans une main, la main de leur gamin dans l'autre. En suivant David et Neman, j'ai vu ma rue comme jamais, j'ai vu ma rue se faire artère de vie, je l'ai vue bigarrée, et la guitare, le masque d'Ours de David n'étaient rien d'inhabituels, ils étaient deux mecs dans le flux.

Je ne l'ai pas vu ouvrir. Les Herman ont enchaîné sur Your Name, My Game
et il était là, sur le pas de sa porte. Il hochait de la tête, tapait dans ses mains. Sa mère l'a rejoint, son frère a glissé une tête apeurée derrière un rideau. Sans que personne ne sache trop pourquoi, le reste de la vidéo s'est organisé autour d'eux. Les Herman les ont encadrés, nous leur avons fait de grands signes avec les mains, ils nous ont laissé rentrer.

César (il nous dira plus tard qu'il s'appelle César) a alors décidé de pirater le film. Il a continué à taper dans ses mains, lancé un ballon qui a tapé direct dans le manche de David, pris une règle et fait une crémaillère sur son radiateur. Sa mère avait repris son livre, son frère chattait sur internet, César jouait avec nous, nous n'avions pas échangé un mot.

Le papa de César fait des sculptures gigantesques, du land art
sur des centaines de mètres carrés. Toute la famille est artiste. Plus tard, il nous a écrit un mail aussi fou que son incrust dans le concert. Un mail avec plein de +++++. Alors, pour toi César : ++++++++