Quand il était venu, il y a bien longtemps, donner une Soirée de Poche avec les Walkmen dans un chic appart haussmanien, elle commençait à se poser pour son groupe. Ils étaient ces écorchés taiseux, qui tous soutenaient sa fougue à lui, ce chanteur à la voix éraillé, ce garçon qui chantaient le menton haut. Ils étaient ensemble depuis dix ans, ils étaient au plus haut de leur art, et la question de l'après se posait déjà.
Huit ans plus tard, l'après est là. Les Walkmen se sont séparés, et Hamilton, dans l'une de ses premières chansons solo, chante "I retired from my fight / I retired from my war / No one knows what I was fighting for / I don't even know myself anymore". Il n'a pourtant pas renoncé, loin de là. On sent moins les blessures qui brûlent à vif, certes. Il y a plus de récit, moins de colère. Mais la voix est encore là, fière de ses cicatrices, capable d'incroyables montées en puissance, et accompagnée d'un nouveau groupe qui la soutient d'arrangements riches. Hamilton prend le public par la main, lui raconte des histoires, ses chansons sont presque joueuses par moment. Ce n'est pas exactement la paix, c'est peut-être la maturité. Cela donne en tout cas de belles soirées.