Le groupe non plus n'était pas là. Coincé sur le périph, il n'arriva qu'une heure avant le début du concert. On n'eut qu'à peine le temps de répéter, guère le temps de ranger avant que ne débarque tout ce monde. Que de monde ! Le plafond était bas, il y avait des câbles, des instruments de partout, et chacun s'installa où il le pouvait, appuyé contre le radiateur, assis sur le plan de travail de la cuisine, accroupi aux pieds du clavier. Les caméras pouvaient à peine bouger et Fránçois a bien failli marcher sur quelques pieds.
On avait eu peur de ces encombrements successifs, mais rien n'aurait pu mieux coller à la musique et au jeu de scène de Fránçois. Cette musique rêveuse, qui danse même si elle ne sait jamais sur quel pied le faire, s'épanouit mieux en terrain instable, se nourrit du bric-à-brac. Il y a là un bibelot juste mignon qui nous ramène à de vagues souvenirs, un livre écorné dans une langue étrangère, une photo qu'on a oublié là, quelques traces matérielle d'un vague mais bel amour. Il y a un peu de chaleur, beaucoup de mélancolie.
Et c'est Fránçois, au milieu, qui fait danser tout cela comme Merlin fait danser la vaisselle devant Arthur. Fránçois qui semble ne pas vouloir se forcer à chanter plus haut que ça, ne pas surjouer son plaisir. Il s'amuse, il sourit, mais on ne la lui fait pas. Il est bien là, mais ne va pas trop le dire. Il est surtout avec ses copains, ces garçons dont on connaît presque trop vite les prénoms, ce Jean, ce Pierre, ce Lulu qui se sont bien répartis les blagues, qui prennent tour à tour les chansons sous leur aile. Les belles amitiés débordent, c'est beau, c'est connu. Celle là écumait de partout. Nous étions les invités d'une belle bande, avec eux nous avons dansé.