Je me souviens tout aussi bien de la première fois que j’ai entendu Tom chanter. Il m’avait envoyé un morceau enregistré dans l’intimité de sa chambre, sous ce drôle de nom, Francis Lung. Cette démo, c’était "Brooklyn Girls", une ballade pleine de reverb, bien plus mélancolique que les coups de poignards intransigeants de WU LYF dont il assurait alors encore la basse et les choeurs. J'ai écouté ce titre jusqu’à l’épuisement, avant de recevoir d’autres trésors - "Faeher's Son", "Age Limits", "Solemn"… - vers lesquels je me tourne encore régulièrement malgré les années.
Tom a une douce fragilité dans la voix qui brise le coeur autant qu'il en soigne ses éraflures. Quelque chose d'un équilibriste à deux doigts de chuter dans sa façon d'écrire et d'interpréter ses morceaux, toujours sur le fil. Il est pourtant tout aussi capable de pousser cette même voix, comme si sa vie en dépendait, de tout donner, tout lâcher de la manière la plus brute qui soit, et même de faire danser sur les cendres de ses désillusions et de ses peines lorsque sur scène, résonnent les notes pleines de reverb de "Selfish Man" ou de "Dance 4 Sorrow" et s'emballent les instruments du groupe qui l'accompagne désormais.
C'est cette sublime schizophrénie, ce double-jeu qui n'en est pas un - Francis Lung est peut-être l'alter-ego le plus réel que Tom pouvait imaginer - qui me fascine autant chez lui, qu'il soit derrière un piano ou une guitare, comme lors de l'après-midi ensoleillée qu'on a passé avec lui en avril dernier.
Le nouvel ep de Francis Lung, Mother's Son Vol II, sera disponible dès le 16 septembre à cette adresse.