Jubilant au milieu de son groupe, Femi harangue, à droite, à gauche, et fait de toute scène une tribune politique. Il virevolte, crie, vocifère, puis se tempère, s’adoucit, geint avant de repartir dans son discours musical. À qui s’adresse-t-il ? Au soleil, tombant sur l’Ouest des nantis, aux fenêtres voisines, d’un quartier se déprolétarisant du fait de la bulle immobilière ? Ou à nous, les trois blancos qui le filmons, impressionnés par l’envergure du bonhomme, et qui, invités dans sa danse folle, manquons de nous télescoper à chaque instant ? Qu’il est bon de sentir l’air froid se charger d’ « Africa For Africa », alors qu’à nos pieds gît LA ville responsable d’une quantité insondable des maux du continent Noir…
Puis il a fallu redescendre, car Femi doit jouer le soir même, une heure paraît-il mais qui se transformera en deux vrais heures de concert intense. En attendant, on revient sur terre, on rentre dans la Bellevilloise, on se serre dans un non-lieu garni d’estrades et de porte manteaux, les quinze sont présents et murmurent un sublime « Day By Day ». Le calme est revenu, la vigueur est retombée mais subsiste, encore, cette force positive qui ne peut s’éteindre.