Ce fut sous un vieux pont piétonnier en métal, au bord de l’eau, du côté du Canal de l’Ourcq, à deux pas du Parc de la Villette. Eté 67 joua un morceaux qui parle de la Meuse, un cours d’eau qui passe à Liège, « Crime passionnel ». Marteau, enclume, guitare, grosse caisse de fanfare, c’est parti. Quelques minutes plus tard, nous passions le pont sur « Passer la frontière », en plein trafic piéton sur 1,20m de large. Mais le groupe a joué sans sourciller, s'est laissé bousculer – ils aiment ça qu’on les bouscule. Nous avons ensuite fini sur les voies ferrées désaffectées, par « Une vie saine », la vie rêvée d’un groupe qui ne s’est pas posé depuis des années. La vie qu’il n’auront jamais.
Eté 67 aime beaucoup Paris, et la ville s'est en retour prise d’affection pour eux. On les a vu en concert à peu près partout, à la Maroquinerie, à La Cigale, à La Dame de Canton, à La Boule Noire, à L’International, au Café de la Danse, au Sentier des Halles, dans des appartements ici et là tout autant que dans les rades les plus improbables de notre bonne vieille ville (l’Espace B, le Gambetta). Tous ceux qui ont assisté à leurs lives vous le diront : Eté 67 transpire une énergie pop redoutable. Une pop en Français pleine d’ambition, sans complexe ni fantôme. Une pop documentée, érudite, fine, mais aussi, accessible, simple, intelligible. A tel point qu’Ed qui n’écoutait jamais de francophone avant a « viré sa cuti » définitivement avec Eté67, après une initiation par Karkwa. On trouvera aux liégeois de multiples ascendances in french, en allant regarder du côté de chez Dutronc ou bien ailleurs dans la pop française d’un Christophe, d’un Bashung, d’un Joe Dassin. On leur trouvera aussi des grands cousins outre-eaux.
Texte : Loïc Suty
En concert à la Flèche d’Or (Paris) le 4 Février. Nouvel album, Passer la frontière, le 14 Février
. Tournée française à partir de Mars.