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take away shows — By msaura

Essie Jain

J'ai un problème. Je suis trop curieux peut-être, trop chanceux sûrement, mais je tourne beaucoup beaucoup trop de vidéos. On continue à ne montrer qu'une seule session par semaine, même si récemment nous avons lancé les Split Series (dédiées à d'autres amis réalisateurs) et bientôt les Lab Series (dédiées à des labels), mises en ligne de façon plus aléatoire. Mais chaque semaine, entre 2 et 4 sessions sont tournées, toujours aussi mal organisées, toujours bordéliques, dans une ville qui accélère sans cesse et ne prend souvent même pas le temps de ces musiques impromptues.

J'avais mis les vidéos de Essie Jain de côté, je pensais un moment les enterrer, discrètement ne plus donner de nouvelles à Essie et espérer qu'elle oublie. Les retrouver aujourd'hui est une vraie surprise après tous ces autres groupes filmés, un joli moment ensoleillé, passage calme pour bruyants quotidiens. Surtout, plus que n'importe quelle autre session, elles parlent du rapport de la musique aux bruits de la ville, entre silence et agitation frénétique. De l'authentique live recording en somme - certains diraient field recording, pourquoi pas du 'city recording' simplement.


C'était l'été dernier à New York - je ne la connaissais pas du tout mais le toujours bien renseigné David Fenech m'avait parlé d'elle et de sa belle voix anglaise. Rapide écoute myspace, voix à tomber, coup de fil, rendez vous pris. Vive les technologies.

Plusieurs années que Essie vit à NY, dans le Lower East Side. Pas mal de temps aussi qu'elle joue, au piano plutôt qu'à la guitare d'ailleurs. Elle vient tout juste de sortir son premier album, "We Made This Ourselves" chez BaDaBing Records. Ecoutez le absolument, il vaut le détour rien que pour ce 'Haze' bouleversant.

C'était donc un après-midi alors qu'on aurait aimé l'aube, mais ça valait tout de même la rencontre. Un moment parmi les sonorités américaines.

Il y a d'abord eu ce satané bruit de soufflerie qui sortait d'on ne sait où, qui s'arrêtait et reprenait régulièrement. On était perchés sur ses escaliers de secours, plusieurs minutes ont passé avant que le son s'arrête enfin. Essie joua, sa chevelure blonde sous le soleil, elle termina son morceau et le bruit reprit à peine une seconde plus tard. Jolie façon de s'imposer au monde.

Sur la seconde vidéo c'est un évident combat, que mène cette petite femme parmi les sons de la rue new-yorkaise. On entend un 'bullshit' rigolard, une sirène de police comme dans les films, une voiture toute musique dehors, des cris comme dans les films. On voit des visages, plein de visages qui ne remarquent même pas cette douce chanson, poussée là comme un hymne au silence, elle perchée sur son drôle de camion qui ne la rend que plus minuscule. Essie s'excuse à la fin, d'avoir dérangé son monde. Un discret trouble, mais tout commence par là.