18:35 : Arrivée du manager de la tournée : « Alors, on y va. Tu vas filmer près du bus. »
18:45 : L’endroit a l’air bien. Prêt à filmer.
19:00 : Arrivée du manager du groupe : « Mac ne veut pas sortir. On va le faire dans le salon années 80. »
19:05 : Tentative d'évaluation de la connotation de la dernière phrase avec le fait de filmer Echo & The Bunnymen.
19:10 : L’endroit a l’air bien. Prêt à filmer.
19:45 : Retour du manager de la tournée : « Mac ne veut pas descendre. On va faire ça dans la loge. Rassurez-moi, ça va pas durer longtemps ? »
19 :50 : Tentative d'évaluation des conséquences possibles sur le tournage de la phrase « Rassurez-moi, ça va pas durer longtemps? »
20:00 : Suivre le manager de la tournée sur la première volée des marches : « Attend ici. N'entre pas tant qu'on ne t’a pas donné le feu vert. »
20:05 : Se demander si la prochaine requête du manager de la tournée sera de filmer dans le bus sur la route vers le nord de l’Etat de New York le lendemain matin.
20:25 : Arrivée du manager du groupe : « A toi de jouer, mec. »
20:30 : Rencontre d’un pilier de la new wave.
Mac est fatigué, la salle est dépouillée et minuscule, les instructions sont aussi contraignantes qu’artificielles (« pas de cadrages trop bas, pas trop de mouvements de caméra, tu colles juste les prises ensemble ») mais, pourtant, contre toute attente, un moment de vulnérabilité s’offre à nous. Une icône, l’auteur de The Cutter, balance Killing Moon avec ses cordes vocales qui ont aujourd’hui 25 ans de plus que la chanson. Une icône qui, à la fin du pont, faisant fi de son imperfection, s’empare enfin de la chanson, comme emporté dans un rythme plus déterminé qui se maintient jusqu’à ce qu'un dernier accord appuyé ne vienne casser l’instant de magie pour nous replonger dans l’artifice.
Un dernier cognac, une cigarette et je peux m’asseoir, entre deux roadies de Liverpool, profitant enfin des lieux privés de la présence de la caméra qui tourne.
Traduction : Tara Dominguez et Joseph Gérard.