Dominique lui a joué "Les Hauts Quartiers de peine", puis mon vieux voisin a longuement parlé, de sa vie, de l'exil, des nazis, de sa famille exterminée en Ukraine. Dominique se tourne vers nous, il me dit 'je suis un guignol, là'. Il voulait juste jouer pour des vieux. Pour des gens 'qui s'ennuient l'après-midi'.
Il nous faudra un long moment pour reprendre. Comme s'il fallait que Dominique A se fasse à cette idée, à l'idée de jouer, de faire le 'guignol' comme il se plaît à nous le répéter. Nous sommes dans la rue, et sans prévenir, il s'y fait, il est prêt. Il nous impose son rythme, il chante dans une cour, chante à la sortie d'un Ed l'épicier, traverse la rue sans regarder, il se bat avec un roquet et a cette phrase incroyable, au beau milieu du 'Bruit blanc de l'été'.
"Qu'est ce qu'il faut pas faire pour gagner sa vie".
Nous avons reparlé par la suite, assez longuement, de cette expérience avec Dominique. Vous pourrez lire ça dans les jours qui viennent. On pourrait passer des heures à parler avec lui. Ce fut non seulement un plaisir d'entendre ses chansons à nu, ce fut une sacrée expérience de le voir confronté à un exercice qui n'était pas aisé pour lui, et ce fut éclairant d'en parler après coup. Merci Dominique.