Il faut les voir déballer leurs instruments à côté des promeneurs, trouver leurs marques avec un calme religieux et puis d’un coup entonner sans s’en apercevoir une composition intense, sortie de nulle part, accouchée dans le silence. Il semble que les titres du Delano sont conçus pour être joués en apesanteur, et les arpèges suspendus au temps. On oublie vite la voix souffrante et les manières, l’héritage parle sans chercher à imiter : oui, Sparklehorse, Elliot Smith et Sigur Ros y sont forcément pour quelque chose.
Il a fallu louer trois barques pour contenir tout le monde. L’orchestre occupant les deux premières, la troisième pour mener la balade. Au milieu du lac, le Delano veut jouer "Frozen Lake", on s’amuse, on oublie l’heure, on rame, on sort les lunettes de soleil. Bien sûr on ne réussit pas du premier coup, notre canot leur tourne autour, il faut manœuvrer, stabiliser, garder le mesure. Je n’aurais jamais imaginé meilleur endroit pour les voir faire glisser leurs notes.
Enfantine, adolescente, sage et introspective, leur musique joue de tout ça à la fois. L’atmosphère du parc de Vincennes résonne avec l’univers des auvergnats, de l’eau, des enfants sur les berges, et les montagnes russes de la Foire du Trône au second plan. Il n’y pas de doute, le Delano Orchestra est un groupe familial.
Chez Manu