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take away shows — By msaura

Dean and Britta

Dean. Dean Wareham. Cette gueule magnifique, un ange sur lequel le temps laisse quelques traces mais jamais celles du passé.

J'avoue, je n'ai découvert la musique de Dean Wareham que très récemment, par l'intermédiaire d'un dvd sorti chez l'excellent label américain Plexifilm (spécialisé dans les dvds musicaux d'assez belle facture, tentez donc le fantastique 'Benjamin Smoke' de Jem Cohen), un dvd qui retraçait l'essentiel de la carrière d'un des groupes les plus importants de ces 20 dernières années et pourtant encore honteusement mis de côté, Galaxie500.

A la fin des 80s-début 90s, le trio de Boston défricha un univers sonore unique, communément clicheté à l'embranchement du shoegazing de My Bloody Valentine et du slowcore à la Low - faut avouer que ça résume assez exactement la chose. Oui, mais voilà, Galaxie500, c'était avant, et c'est ce qui rend leur découverte aussi saisissante aujourd'hui, près de vingt ans ayant passés.

Je n'ai par la suite jamais vraiment accroché aux plus populaires et cultes Luna, le groupe que Dean s'en alla former en quittant ses acolytes d'alors, Damon et Naomi - qui eux continuèrent, et continuent, en duo. Je sais que certains n'hésiteront pas à m'étrangler pour ça, mais Luna me semble une version moins ambitieuse, largement moins passionnante des aventures soniques de Galaxie500, un peu trop évidemment "rock indé américain qui connait ses racines".

La formation de Luna a pas mal évolué au cours des années 90, intégrant sur le tard Britta Phillips
à la basse et au chant. Dean et Britta jouent désormais ensemble, et vivent ensemble aussi, c'est pratique.

Ils habitent dans l'East Village, sur la First Avenue, l'appartement n'est pas très grand mais rempli de souvenirs, de guitares comme des cadeaux, de posters du passé, d'affiches d'Antonioni - le premier album de "Dean and Britta", qui date de 2003 alors que Luna tenait toujours debout, s'appelle simplement 'l'Avventura'. Il a été produit par l'immense Tony Visconti (Bowie, T.Rex...), tout comme le prochain, qui devrait sortir d'ici quelques mois.

Dean se montre tout de suite très affable et motivé par l'idée des vidéos, Britta est plus distante, elle a en elle cette froideur assez magnétique et captivante - c'est assez amusant de savoir qu'elle a été dans les années 80 la voix de Jem and The Holograms, dessin animé culte et pop.

Dean m'offre un dvd du film qui retrace les derniers moments de Luna, 'Tell me do you miss me' par Matthew Buzzell - sans grand intérêt le film, qui documente assez basiquement et ne fait pas grand chose de plus pour la cause du cinéma.

Les présentations faites, je suis encore bien intimidé (je le resterai toute la session), et je décide de faire la première vidéo assez posément dans l'escalier de leur immeuble. Ils chantent The Sun is still sunny, je m'assois sur les marches de l'étage du dessus, en me balançant dans le rythme de leur musique. De l'évidence.

On revient dans l'appartement, ils vont dans la cuisine pour jouer le magique Hearing Voices
de Galaxie500, c'est tout aussi ravissant, mais j'ai envie de quelque chose d'un peu différent, tous ces groupes à domicile, bon, l'envie de les bousculer un peu plus, de les sortir d'une certaine facilité. On décide alors d'aller rendre visite à Sean McCaul, un ami musicien avec qui ils ont déjà enregistré. Oui mais voilà, Sean, il ne va pas nous recevoir chez lui, non non, simplement parce qu'il gagne sa vie (enfin, 'gagner' n'est pas tout à fait exact placé ici) en jouant dans le métro new-yorkais. Il nous attend à la station Prince Street, sur Broadway, et sa musique résonne déjà à peine sommes-nous sortis du taxi.

Il va alors se produire un petit miracle, un incident qui donne tout le sel à ces vidéos que nous créons depuis bientôt 6 mois à la Blogo. Tout est en place, Dean, Britta et Sean sont prêts à jouer Knives From Bavaria, tiré de l'album "l'Avventura", j'ai ma caméra bien en main, lorsque retentit cet avertissement: "no video in the station, don't take any pictures in the station". Je me suis fait lamentablement griller par la chef de station, Sean se sent mal pour nous, mais il n'y a pas moyen de risquer de faire débarquer la police et de lui faire perdre son droit de rester là. Tout est en passe d'être loupé, mais je les convaincs pourtant de jouer leur morceau tant bien que mal - je me démerderai bien, que je leur dis.

Je pose la caméra à même le sol, prenant un malin plaisir à cadrer les jambes de Britta, le viseur de la caméra est fermé, je ne vois rien mais je lance l'enregistrement. Au bout de quelques secondes, je prends la caméra avec moi, et filme toute la scène en tenant la machine à images près de mon corps, dissimulée le plus possible. Britta tient le micro dans ses mains, chante d'une voix à tomber, je me déplace doucement en étant à peu près sûr de cadrer à côté, le morceau résonne d'une façon incroyable dans toute la station, certains passagers reconnaissent ce visage d'ange sans toutefois arriver à l'associer à un nom précis. Knives From Bavaria se termine, on déguerpit en vitesse, on se quitte à la sortie de la station. Je suis persuadé d'avoir loupé la vidéo, et pourtant...